Dimanche 05 Mai 2024

Compte rendu N°93

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Compte rendu des sorties

28/11/2007

Vaucluse

Bilan de la sortie:
Du 18 au 25 novembre 2007 a eu lieu sur le plateau du Vaucluse le stage d'équipier/chef d'équipe du Spéléo Secours Français.
Pour y participer il faut obligatoirement être fédéré, autonome en progression et en équipement et avoir bien sûr l'envie de s'investir dans le spéléo secours.

Après avis favorable de notre Conseiller Technique ( merci Guillaume ) nous arrivons en force à 3 ( Hélène Vermont, Sébastien Locher et moi ) à St Christol d'Albion pour représenter la Lozère.
Sans compter Laurent Chalvet qui était volontaire lui, pour faire fumer ses neurones en participant au stage de CT qui a eu lieu en parallèle.

Une fois réglées les dernières formalités administratives, où il me faut expliquer que "non !" je ne suis pas pompier malgrè mon inscription expédiée dans une enveloppe à en-tête du " GRIMP " ( merci Catherine ) nous nous dirigeons vers le camping du village.
Pas pour y planter la tente, mais pour accrocher aux platanes quelques répartiteurs de charge et autres poulies-bloc afin de s'assurer que nous parlons tous le même langage.

Retour avec la nuit au confortable gite de l'ASPA où les stagiaires CT nous attendent devant un apèro qui nous réunit tous.
Repas, puis présentation du massif par le CT départemental et son adjoint Didier Delabre. Ce dernier est également l'un de nos cadres ainsi que le référent régional sur les 2 stages.

En ce premier soir les discussions autour de la cheminée ne s'éternisent pas compte-tenu du programme qui nous attend.

Le lendemain; journée falaise dans un joli effondrement dont j'ai oublié le nom près de Sault.

Equipement des lignes de progression et des premiers ateliers:

- le classique contrepoids avec reprise sur palan
- contrepoids avec reprise sur contrepoids agrémenté de poulies largables.
- descentes sur frein de charge
- plus joueur: passage d'une tyrolienne à une autre avec reprise par un contrepoids placé au milieu d'une dernière tyro pour la sortie finale ( ouf )

Belle journée froide et venteuse avant l'arrivée de la pluie qui se fait attendre depuis 4 mois.

En salle: Rappel des techniques secours de base ainsi que leur évolution. Puis intervention de Michel Ribera chargé de mission sur l'IMAGE du SSF.
Cet aspect trop négligé par les spéléos sauveteurs eux-mêmes se révèle pourtant crucial pour la reconnaissance et donc la survie du secours spéléo tel qu'il existe aujourd'hui. A nos brassards donc, autocollants, broderies ...

Comme dans tout stage spéléo qui se respecte, chacun avait amené une spécialité de sa région pour agrémenter l'ordinaire. Les fromages et la charcuterie ayant étés consommés à l'apéro de la veille, nous goûtons aux différents breuvages que certains ont eu l'idée ( originale ) d'apporter.

Au repas du soir les stagiaires CT sont tendus... certains quitteront la table précipitamment pour faire face à la simulation d'accident préparée par leurs cadres très imaginatifs.

Ces derniers semblent très doués pour mettre leurs stagiaires sous pression, unanimement nous préférons être à notre place, bien assis dans notre salle en attendant que Power Point nous présente la FFS et le SSF.
Lorsque l'un des apprentis CT fait irruption pour nous demander de nous tenir prêts à intervenir sur le secours qu'il doit gérer, nous croyons à une blague. Il est presque 22 h, la cheminée nous attend, il reste des bières etc ...
Bernard Tourte coupe court aux palabres et nous informe que nous sommes tous en pré-alerte, et que nos cadres nous expliqueront ce que cela signifie.
Sur ce, il quitte la pièce et nous comprenons vite que nous n'allons pas nous coucher tout de suite...
Nous aussi on va jouer!

23h: Nous arrivons tel un toupeau sur le lieu du pseudo accident.

Aven du Rousti: - 20 m, 2 entrées et chose rare sur le plateau un assez long développement horizontal.
Les stagiaires CT font face à un scénario catastrophe; 2 blessés et un décédé dans ce trou.
Les batteries du Nicola ayant flanché la communication est laborieuse et l'organisation s'en ressent. Les équipes s'entremêlent quelque peu, les ordres de mission également, mais les 3 civières finiront par sortir un peu plus tard dans la nuit par le P20.



Le lendemain, préparation du matèriel pour une cavité plus importante.

Aven d'Aurel: négligé à l'époque par Martel qui le jugeait trop étroit, ce gouffre de - 100 m environ est entièrement broché. L'évacuation de la civière depuis le fond de l'avant-dernier puits se passe sans gros problèmes. Sebastien Verlhac, cadre du SSF 64 a pris place dans la civière depuis la veille. A ce poste, rien ne lui échappe et les critiques fusent, le plus souvent à juste titre il est vrai. Une fois à l'extérieur il nous engage dans une bonne séance de brancardage en désignant les " bartas " les plus improbables.
Retour au gite via un crochet au magazin du coin pour refaire le stock de bières.

La soirée sera animée par le débriefing de la simulation de la veille avec les stagiaires CT.
C'est très instructif de voir le flot d'informations qu'ils ont à gérer ,les innombrables coups de téléphone à passer et les décisions qu'ils ont à prendre dès les premiers instant du déclenchement d'un secours.
Pas étonnant qu'après de telles journées ils ne s'éternisent pas avec nous autour du feu. D'autant plus que demain les 2 stages sont à nouveau réunis pour un exercice commun:

Aven perte du Calavon: Il a plu toute la nuit, et il pleuvra toute la journée. Le choix de la cavité est maintenu tant les niveaux sont bas.

Les stagiaires CT qui ne sont pas impliqués en surface nous prêtent main forte pour l'évacuation.
La civière décolle de la côte - 120 m environ, certains puits sont illuminés par une dizaine de spéléos, c'est du plus bel effet mais seuls les cadres prennent le temps de faire des photos. L'équipement des ateliers devient automatique, ça commence à rouler.
L'heure prévisionnelle de sortie sera même tenue à 30 mn près.
Seule la sortie du champ par un chemin pentu et détrempé semble avoir été sous évaluée. Mais une demi douzaine de spéléos hilares à l'idée de pousser les véhicules en se faisant crépir de boue règle le problème.

Rangement du matos et débriefing dans une ambiance décontractée. Les cadres nous proposent une sortie un peu baston pour le lendemain. C'est d'accord; on prépare les kits de progression dès ce soir, afin qu'ils commencent à équiper la cavité tôt demain matin.

Jeudi 22/11: Aven Joly.
Le petit-déjeuner est vite avalé, tout le monde s'active et nous nous retrouvons 12 stagiaires entassés dans 3 bagnoles... à attendre un guide pour nous indiquer l'accès au trou.
Sur des renseignements un peu flous nous rejoignons finalement le camion contenant tout le matos d'évacuation. Olivier et Sébastien équipent les premiers puits.

Les équipes sont constituées; je descends avec Vanessa et la civière, jusqu'à - 150 où débute le Méandre de la Relativité Restreinte. Nous sommes un peu inquiets, même à vide la civière frotte joliment dans les petits bouts de méandres qui "agrémentent" les sorties de puits.
Chacun trouve sa place dans un atelier; pour gagner du poids, nous avons fait l'impasse sur le perfo et il semble que le trou ne soit pas équipé secours dans les passages étroits.
Quelques plantés de spits plus tard, les équipements sont à peu près en place, les étroitures elles, sont restées telles quelles... Ca va être sportif !!

Sébastien toujours lui, reprend sa place dans la civière.
La reprise du palan sur mon atelier a tendance à coincer le volumineux casque de hockey ( équipement testé lors de ce stage ) et à comprimer la tête de Seb à l'intérieur... La civière est sur la tranche, Seb s'aide avec un bras, le Sébastien stagiaire s'allonge dans le fond du méandre pour éviter le coincement; nous bourrinons un petit moment, et ça passe...
Il fait très chaud dans les trous du Vaucluse!!!
Après coup, je constate qu'un répartiteur plus court aurait permis de monter la civière de 5 à 10 cm plus haut et que c'était toujours ça de gagné...

La suite ressemble plus ou moins à cet épisode, jusqu'au passage où un petit bout de galerie d'environ 50 cm de large fait un sacré angle avant de rejoindre la base du puits suivant.
A la descente à vide , il avait fallu forcer pour passer la civière.
Le debrêlage nous semble inévitable, mais le Sébastien est joueur, têtu et solide; nous manoeuvrons tant bien que mal dans l'espace disponible pour qu'il puisse visualiser le passage.
La civière que nous utilisons est un prototype de chez MTDE, il est décidé de lui ôter ses armatures pour voir comment elle se comporte. Et de fait, c'est beaucoup plus souple, Seb et la civière se retrouvent ensemble de l'autre côté sans que nous attrapions une véritable suée.

Sébastien laisse sa place à Olivier pour la suite de l'évac, le temps passe vite et il doit refaire le plein de bières avant la fermeture des commerces.
19 ou 19h 30: la civière est dehors et il pleut encore.
Nous sommes tous un peu entamés physiquement, mais le moral est au plus haut.

Après le repas nous écoutons un représentant de la FNRASEC, ( Fédération des Radio Amateurs )qui a doté les CDS qui le désiraient d'un système de communication sécurisé entre les différents PC lorsque ceux-ci se trouvent éloignés.
Puis c'est au tour de Raphaël Chevalier de nous parler de son invention; le Nicola.
J'apprends que l'éloignement des 2 antennes, la concordance de leur azimut entre 2 stations et la multiplicité des points de contact avec la roche mère sont autant de facteurs essentiels pour une bonne transmission.

Retour autour du feu où nous rejoignent les packs de bibines. Nous discutons gaiement des anecdotes de la journée, jusqu'à ce que Vanessa nous initie au passage d'étroitures de tabouret de bar.
Ce jeu nous tiendra éveillés jusqu'à une heure avançée de la nuit... Heureusement que la journée du lendemain est prévue plus tranquille.


Le réveil se fait plus difficile chaque matin, mais aujourd'hui c'est encore pire. J'ai l'impression que les tubes du tabouret sont encore encastrés dans mes côtes et qu'un troupeau de bisons galope dans mon crâne.

Heureusement, en salle, Olivier Lanet nous fait un topo très intéressant sur le secours spéléo plongée. Ce type de secours très particulier reste sous la responsabilité du CTD qui s'adjoint la participation d'un technicien spéléo plongeur référent.
Les civières légéres sont identiques aux modèles utilisés classiquement à 2 ou 3 modifs près.
Elles sont manoeuvrées par une équipe de 8 plongeurs qui opèrent en autonomie.

La suite de la journée doit être consacrée aux techniques particulières: telles les reprises de mou dans un palan ou les toujours drôles passages de noeud !!! dans un balancier, un palan, un frein de charge.

Il est prévu de faire ces exercices à l'aven du Château qui s'ouvre à 2 pas du gîte en plein village.
Au fond, une salle assez vaste devrait pouvoir nous contenir tous, sauf qu'avec la pluie de ces derniers jours elle est copieusement arrosée.
Les cadres sonnent la retraite et nous nous dirigeons vers les platanes du camping jusqu'aux dernières lueurs du jour.

Le soir, c'est le président du SSF, Eric Zipper, qui nous parle du cadre législatif et des particularités du SSF.
La soirée ne s'éternise pas, le barnum du lendemain à l'Aven Autran va cloturer cette semaine bien remplie et un peu de repos semble nécessaire.
Je cogite inutilement au déroulement de cette journée à venir, et je me retrouve seul à errer dans le gîte sans pouvoir trouver le sommeil.

Samedi 24/11: Le camping n'a plus la même allure; les barnums, les fourgons et les tentes ont envahi l'espace.
Partout des spéléos s'affairent, au total une petite centaine.
Je retrouve d'anciens copains du temps où je spéléotais dans le coin. Du coup ( ou coïncidence ? ), je suis intégré à leur équipe qui est chargée de l'évacuation dans le P103.
Je considère que c'est une chance mais je stresse un peu quand j'entends dire qu'il va être bien arrosé.
J'aurais dû dormir plus, amener une vieille texair, ou une néoprène, prendre un vrai petit-déj, leur dire que je n'étais pas assez en forme ...

11 h00: Les sacs sont prêts; nous grimpons dans le 4X4 des pompiers qui assurent les navettes du PC jusqu'à l'entrée du trou.
La succession des petits puits de la zone d'entrée nous fait descendre de 100 m. Je réussis à me mettre au taquet dans un passage un peu fin en m'emmêlant avec la longe de mon sac. Je me déplace comme un manche, qu'est ce que ça va être en ressortant ???
Arrivés au P11 situé au début du grand Méandre ( long de 700 m ), notre équipe est stoppée par le PC. Fabien, stagiaire équipier/CE assure avec un grand sérieux les liaison par NICOLA avec la surface.
L'équipe ASV vient de faire remonter une info qui change notre organisation. La victime n'est pas à la base du P103 comme prévu, mais un peu plus bas, au fond d'un puits de 40 m.
Nous attendons les consignes, j'en profite pour boire chaud et manger.
Finallement, nous réorganisons notre matèriel et une partie de notre équipe est chargée de l'évacuation dans ce P40.
Nous ne sommes plus qu'une poignée à continuer vers la fin du méandre, où s'ouvre le P103, pour commencer à équiper ce que nous pourrons avec le matos restant.
Une autre collègue stagiaire, Vanessa, est au NICOLA à cet endroit; elle retransmet scrupuleusement les infos qui lui parviennent du fond vers le P11 qui fait suivre à son tour vers la surface. Sans ces relais, les communications seraient beaucoup moins bonnes ou ne seraient peut-être pas du tout...
Notre chef d'équipe est d'un calme à toute épreuve; il organise au mieux les quelques gusses qui lui restent et qui rigolent fort sur des sujets bien éloignés du secours...
Compte tenu de sa configuration, le "103" sera divisé ( si possible )en 3 sections, chacune équipée d'un contrepoids.
Je m'y retrouve avec une trousse à spits et le bout de la plus longue corde qui nous reste pour déterminer l'endroit où placer la poulie du milieu.
Chance, la corde me permet de rejoindre un fractio doublé, de plus il reste 2 spits libres et pas moisis pas très loin. Je n'en ai donc qu'un à planter pour installer mon répartiteur.
Pour communiquer dans le puits nous avons 4 talkies-walkies, mais curieusement la liaison n'est pas très bonne, peut-être à cause du crépitement de l'eau qui cascade sur les margelles. Au fait l'eau, ça va! L'équipement en est suffisamment éloigné; on se fait un peu arroser au bas du puits, mais rien à voir avec ce que je craignais.
Une fois récupérés les cordes et le matériel qui nous manquaient ( livraison express ?? ), nous sommes enfin prêts.
L'enchaînement des 3 contrepoids n'est pas compliqué, sauf qu'en l'absence d'une bonne liaison par talkie, il faut donner de la voix pour couvrir le bruit de la flotte.
Et dans ce genre de situation, c'est bien de s'en tenir aux ordres simples et clairs comme: "TRACTION, DU MOU EN BAS, STOP ... ". Je ne capte rien des phrases que m'adresse le régulateur du dessous, et il me faut hurler pour demander confirmation à chaque fois.
La civière arrive enfin jusqu'à ma poulie, bientôt rejointe par son accompagnateur. La " victime " me fait un sourire un peu forçé, sans système d'équilibrage, elle a une vue plongeante sur le bas.
Une fois la reprise effectuée, la corde de mon contrepoids verrouillée, je libère mon atelier afin de permettre la remontée des équipes du bas. Satisfait d'avoir mené à bien ce petit bout de mission, je remonte en tête du puits. Lorsque je constate que le sac où j'avais laissé mon eau, ma bouffe et mon carbure n'est plus à sa place, ma bonne humeur se dissipe rapidement. Je crains que quelqu'un ne l'ait remonté vers la surface, mais je le retrouve peu après, il avait juste été déplaçé. Le sourire revient...
Le passage de la civière dans le grand méandre demanderait trop de temps et d'énergie, l'évacuation reprend donc à la sortie de celui-ci, où un deuxième point chaud a été monté.

Lors de la remontée, c'est agréable de croiser les collègues stagiaires occupés à leur atelier ou rôle respectifs. C'est à chaque fois comme des minis retrouvailles et le trou semble bien chaleureux.
Sortie vers 4 h 30 sous un ciel magnifiquement étoilé, avec le froid qui va avec!
Au camping, 2 barnums sont éclairés, celui du PC où les stagiaires CT se relaient et où l'on peut suivre la progression de la civière et le deuxième où l'on mange et se réchauffe.

Dernier jour: nous nous retrouvons pour le petit-déj. Certains ne se sont pas couchés, les autres ont dû au mieux dormir 3h.

Matinée consacrée au lavage et à l'inventaire du matériel SSF National qui nous a servi toute cette semaine.
Pendant ce temps la civière et sa " victime " rejoignent la surface.
Vers 11 h 30, un débriefing général du barnum a lieu, suivi par un apéro offert par le CDS 84.

Après le repas au gîte, je monte prendre une douche et à mon retour tout le monde est parti, sauf Pascal, stagiaire CT en panne de bagnole...
Au revoir les copains, c'était une super semaine !!!
J'ai appris plein de trucs et l'esprit que les cadres et les intervenants nous ont donné du SSF me satisfait pleinement.

Participants :
Coordinateur: Bernard Abdilla
Cadres: Didier Delabre , Sébastien Verlhac, Jean-Luc Lacroix, Olivier ? de l'Ariège
Stagiaires: Yannick Campan (82), Fabien Fecheroulle (78), Sébastien Locher (48), Héléne Vermont (48), Florian Chenu (46), Vanessa Kysel (46), Florian Brenckle (68), Loïc Guillon (06), Jean-Philippe Michel (60), Philippe Buire (01), Thierry Bertrand (48)