Lundi 29 Avril 2024

Compte rendu N°87

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Compte rendu des sorties

09/09/2007

COTIELLA

Bilan de la sortie:
Compte rendu Cotiella septembre 2007

L'été vient juste de se terminer avec sa saison estivale, les Pyrénées sont bien ensoleillés lorsque nous passons le tunnel de Bielsa pour rentrer dans en Espagne. Cette année, le club du GS TNT est en équipe lourde avec 11 participants : le club de Chanac (Karen et Guillaume Trauchessec.), expatrié de l'Aude : Lionel Puliga et les habitués du circo de Armenia : Philippe Blanchet, Guillaume Coerchon., Olivier Blanc, Gilles Dufort, Laurent Chalvet. Et cette année trois nouveaux venus sont venus explorer le secteur : Babette, Thierry Bertrand, Roger Hugony.

Le dimanche, nous arrivons à Barbarens à 6 personnes, après avoir attendu qu'une étape du tour d'Espagne passe dans les gorges. L'arrivée au parking se fait vers la fin d'après-midi. Le rituel du chargement des sacs se met en place. Au vu du nombre de "porteurs", nous nous chargeons cette année en aliment frais : œufs, tomates, salade, pomme de terre...La marche d'approche sera avalée en 1 h 45, avec comme d'habitude des

sacs énormes, dans le genre à ne pas pouvoir décoller du sol tout seul. En plus des fruits et légumes, le pinard sera de la partie. Le petit coup en arrivant est vraiment

réconfortant.

Le lundi matin, répartition des objectifs :
- Philippe, Guillaume T. et Babette en repérage à l'opposé du A55 sur une cavité qu'ils ont repéré.
- Karen, Olivier et moi-même à l'équipement du A55.
Dès l'arrivée sur notre objectif, nous remarquons que le A55 a un niveau de neige très bas. Avec entrain nous préparons les petits mousquetons légers et les dyneema. Je part sur l'équipement du premier puits, choisis l'itinéraire de l'automne 2003 (en rive droite) sans passer par la lucarne. Au bas du grand puits, avec étonnement, je retrouve

le névé,

l'éboulis est recouvert par 60 cm de neige molle. J'équipe

le plan incliné. Là, au lieu de trouver le classique P13, la neige à réduit la verticale à un P4. Bon restons calme, cela ressemble au niveau de notre expé hivernale, mais peut être existe-il un autre itinéraire ? La solution se trouve sur le côté. En grattant un peu je retombe dans une petite salle déclive. Ici, pas de suite évidente, je suis obligé de gratter dans la neige pour me frayer un passage guidé par le courant d'air aspirant. Une dernière pente décorée par des coulées de glace et nous voilà tout les trois dans la salle précédent le P130. Pendant qu'Olivier prend le relais pour l'équipement, avec Karen, nous effectuons une petite séance photo dans les pentes enneigées. Ensuite, nous embarquons pour le grand puits où nous remettrons trois nouveaux spits. Dans cette cavité, ils ont tendance à s'oxyder rapidement. En tête du puits suivant, Olivier installe la corde et nous repartons dans la foulée.
Pendant notre notre journée d'équipement, Philippe, Guillaume T. et Babette, qui se sont cassés les dents sur leur objectif, ont reporté leurs efforts sur de la prospection plus de succès, Babette a pu faire une petite incursion sous terre et découvrir le monde froid et enneigé des zones d'entrée. Ils ont par contre rencontré sur leur parcours les espagnols qui explorent ce secteur du cirque d'Armenia ainsi que Ramon notre nouvel interlocuteur pour les explorations sur le massif. Juste avant que la nuit arrive, la second équipe débarque : Roger, Guillaume C., Lionel, Thierry et Gilles. Certains ce sont bien occupés au rassemblement des caussenards à Blandas. Nous passons une agréable soirée avec tout l'équipe devant un bon repas.

Le Mardi matin à 9 h, comme convenu, les espagnols passent nous voir. Ils nous présentent le massif et ses résurgences (dont la principale qu'il serait intéressant de revisiter), il nous explique les soucis de la création d'un Parc national sur le massif, impliquant des nouvelles difficultés administratives pour la pratique de la spéléologie d'exploration. Finalement, je décolle avec un peu de retard accompagné de Thierry et Roger pour une séance de prospection dans une zone haute (2400 m). Sur notre chemin nous rejoignons Olivier et Gilles qui s'apprêtent à finir le rééquipement du A55 de – 250 à – 400. Il doivent aussi visiter la branche active laissée à la dernière expédition. Guillaume C. et Lionel les suivent pour effectuer une nouvelle topographie, nécessaire à cause de plusieurs incertitudes de la précédente topo.

Philippe, Guillaume T. et Karen visiteront une zone sud du plateau sans succès notable. En début d'après-midi, avec

Roger et

Thierry, nous arrivons sur la zone haute. Celle-ci est très tourmentée. De nombreux avens sont calqués sur des grosses fractures parallèles orientées Est- Ouest. Cette zone compte une dizaine de trous pointés et prometteurs par leur descriptif (sondé à – 5, à voir, bouchon de neige...). Au bord du sentier d'accès au col du Cotiella, Thierry choisit de visiter quelques excavations non pointée , Roger et moi-même visitons les nouveaux A 341 et A 342. Les départs intéressants mais sont rapidement bouchés par des colmatages de pierre (- 12 et – 17 m). Une petite balade nous permet d'explorer une belle entrée de 15 mètres de diamètres, occupée par un important névé. Quel est son numéro ? Peu après nous rejoignons Thierry qui a visité pas mal de cavité. La plus part de nos objectifs issus de la liste de 2001 ont été visités. Nous revisitons le A 262, pour le prolonger et arriver à – 31 m sur un colmatage du puits par un bouchon de neige. La prospection est une science de patience et de perpétuelle motivation pour retourner à chaque fois dans un nouveau trou... Philippe et Guillaume ne trouveront pas de nouvelle cavité prometteuse. Babette descendue aux voitures dans le milieu de journée ,nous fera un petit ravitaillement en légumes et produits frais. Le soir venu, Olivier et Gilles revenus du fond du A 55, nous communiquent des informations pessimistes. L'actif, dernière espoir de continuation de la cavité s'arrête très rapidement sur voute mouillante étroite.

Le lendemain, l'espoir renait avec les révélations de l'explo de

Guillaume C. et Lionel. Après avoir visité une branche laissée vers – 300, ils ont effectué la topographie jusqu'au puits précédant le départ de l'actif. Là, ils découvrent une petite lucarne où, bien heureusement, tout le courant s'engouffre. Je suis heureux d'avoir une réponse sur ces changements de courant d'air. Nous la cherchions avec Philippe Bence, dans cette zone de la cavité, depuis de la précédente expé. Le passage est étroit avec arrêt en haut d'un puits de 5,86 mètres. Le morale de troupe remonte tout à coup, deux équipes se préparent : Thierry et Karen pour la re-topo d'une partie de la zone fossile après la séparation avec la branche active et cette petite branche active.

Guillaume T. et moi-même pour l'exploration de la nouvelle branche, Roger et Babette partent en ballade pour grimper sur le sommet du Cotiella, sommet jamais attend par les membres du TNT, Philippe, Guillaume C., Gilles, Lionel et, Olivier partent en prospection et désobtruction avec le perforateur thermique Ryobi au A 340, pour faire péter à la cartouche un bloc qui nous avait arrêté.
Dans le A55, après une rapide descente dans l'enchainement des puits, les deux équipes d'explo et topo se séparent à la cote approximative de – 370 m. Je m'engage en premier dans

la lucarne, cela racle mais après avoir joué de la massette, le passage est un peu agrandit. La tête de la verticale suivante sera par contre recalibrée sévèrement tout en restant accrocheuse. J'équipe les spits de départ pendant que Guillaume T. équipe ceux accolés à la lucarne. La verticale descendue, une galerie de deux mètres de large amène au puits affluant entrevu par Guillaume C. et Lionel. Son diamètre est de 5 mètres. La suite de la galerie dans laquelle je suis semble continuée à l'opposée. Equipement rapide uniquement sur amarrages naturels pour

un puits de 8 mètres de haut. Guillaume T. arrive peu après et nous descendons plusieurs ressauts, où coule un petit actif. Les parois sont râpeuses, des petits grains parsèment leur surface. Nous arrivons au départ d'un puits méandre, nous partons en opposition pour placer la tête de verticale hors-crue. Je place dans sa descente un piton pour me décaler de l'eau. Au pieds de ce beau puits d'une hauteur d'environ 25 mètres, un ressaut de 4 mètres permet d'enchainer avec la suite : un haut méandre encombré de bloc. J'essaie de trouver la tête de verticale un plus loin, mais le méandre n'est pas vraiment large. Nous sommes obliger de nous balader sur une sorte de trémie suspendue instable. Avec Guillaume, nous optons pour la solution dans l'eau, nous dégageons deux gros blocs pour passer sur un toboggan de 4 mètres. Nous avançons tranquillement la fatigue se fait sentir. Un autre puits nous attends. Je décide que sera le dernier équipé de la journée. j'explose un spit pour équiper la verticale (deuxième de la journée, expliquant pourquoi on double les amarrages !). La verticale fait 9 mètres, un méandre étroit et tortueux semble se dessiner pour la suite. Nous posons nos coinceurs, pitons et spits, et partons légers faire son exploration. Au bout de 20 mètres d'étroit nous descendons un ressaut de 3 mètres, encore 20 mètres et une salle basse s'annonce. Celle-ci est déchiquetée, les parois sont constituées de brèche (caillou aux angles aigues). Nous passons à quatre pattes. Un nouveau méandre commence, il n'est pas très large, 40 cm en moyenne, et agrémenté de virages. Nous nous engageons, l'actif à cet endroit là passe en dessous par un surcreusement étroit. Les pieds se positionnent automatiquement perpendiculaire à la progression. Ce sera le méandre pointure 48, ceux qui l'on parcouru comprendront ! Après un bon moment nous commençons à perdre patience, ce n'est pas vraiment confort et à chaque virage nous espérons découvrir un élargissement. Il viendra par le ressaut de l'affluent. D'une hauteur de 4 mètres, facile à la descente mais traitre à sa remontée en diagonale. Juste après un puits magnifique coupe le méandre. il fait 25 mètres de haut avec un magnifique plancher stalagmitique en son milieu. Guillaume m'invite à continuer tout seul. La fatigue est bien présente et nous voulons garder de l'énergie pour ce méandre dont nous estimons la longueur à 100 mètres. Je parts seul sur une quarantaine de mètres, le méandre c'est élargie (80 cm en moyenne). Je stoppe sur rien, la suite sera faite par les collègues. Nous repartons en vitesse de croisière pour rejoindre Karen et Thierry à la jonction de l'ancien et du nouveau réseau, ils nous ont attendu pendant une heure, la soupe est chaude ainsi que le café. Nous sommes heureux de leur apprendre les nouvelles découvertes et un arrêt sur rien. Je suis tendu, la fatigue se fait sentir, nous remontons tous ensemble vers la surface. Nous arrivons au refuge vers une heure du matin. Une belle plâtrée de pâtes à la carbonnera nous attends, fabuleux, merci aux cuisiniers.

Le lendemain nous remotivons toute l'équipe par notre compte rendu oral. Nous apprenons les déboires de Gilles, qui s'est fait une grosse entorse dans un éboulis en redescendant de la zone de prospection. L'équipe de désobstruction avec Olivier et Lionel se sont occupés du bloc gênant et se sont arrêtés en haut d'un puits après s'être un peu gazé. Cette dernière journée d'exploration est importante. On va pouvoir connaitre la suite de se méandre.
Guillaume C. et Lionel sont partant pour la topographie du nouveau réseau, Olivier,

Roger et Philippe pour l'équipement et la topographie. Moi je suis partant pour un peu de prospection avec les jeunes de Chanac et Babette. Finalement, dans la marche d'approche je me sens bien en forme. Olivier jette l'éponge après son gazage de la veille. Je prends sa place avec entrain.

Nous rejoignons Guillaume C. et Lionel après une

descente tranquille de

Roger au niveau du départ du premier méandre. Ils sont gelés après avoir fait un bon morceau de topo. Nous les laissons partir pour les retrouver au niveau du puits affluant. Nous entamons la topo des deux premiers méandres : un gros morceau. Après une phase de réglage Roger commence à prendre son rythme pour sa première topographie souterraine et la prise de mesure de pente. Le méandre sera bien long avec des toutes petites mesures dans ce cheminement tortueux. Au puits affluant nous entendons l'autre équipe topo et effectuons la jonction. Guillaume C. et Lionel ont parcours quelques dizaines de mètres après mon terminus, descendus un puits de 13 mètres et enchainés sur un autre méandre, encore un peu plus large. Il est parcouru par un actif et comporte plusieurs affluents. L'eau à la bouche nous leur posons la question évidente de leur terminus : un siphon avec un bon courant juste avant... Appâtés avec Philippe et Roger, nous partons faire une reconnaissance rapide, le méandre après le P13 est sinueux avec des affluents importants (à visiter). Il se termine sur le siphon large mais pas vraiment engageant les parois sont recouverte d'argile. Nous rebroussons chemin et nous partons juste au dessus du plan d'eau dans la suite évidente que nous avaient laissé Guillaume C. et Lionel. Il n'y a qu'à suivre le courant d'air. Après quelques dizaines de mètres la galerie surplombe un nouveau petit plan d'eau : la sortie du siphon. Philippe exulte, nous avons shunté le siphon, une galerie de quatre mètre de large et cinq de haut sur environ 20 mètres au minimum, avec toujours un bon courant d'air: fabuleux cela commence à ressembler à un petit collecteur. Pour continuer, ils nous faudrait installer une petite main courante de 15 mètres pour éviter d'aller prendre un bain glacial à cause des dépôts d'argile au dessus du siphon. Philippe enregistre dans sa tête les détails pour la fois prochaine et nous décidons d'en rester là. La suite se fera une prochaine fois.
A la remontée nous récupérons tout les amarrages. Les cordes resteront dans la cavité. C'est le prix à payer pour pouvoir explorer à ces profondeurs. La remontée se fait à petit rythme, Roger part devant et Philippe déséquipe. A la bifurcation, le réchaud de Lionel s'avère toujours aussi performant et nous sommes heureux de boire chaud. Nous arriverons au refuge vers 4 heures du matin, un repas copieux nous attends bien sagement.

Le vendredi matin, le moral de

toute l'équipe est au plus haut, une bonne semaine d'exploration dans le A55 et en plus le A340 a donné avec un arrêt sur manque de corde dans un puits. Karen et Guillaume T. s'occupent du déséquipement du puits d'entrée et du P130, Olivier, Philippe, Roger et Babette rangent tranquillement leurs affaires pour gouter encore quelques heures à la montagne du Cotiella.

Gilles part avec une bonne avance pour descendre à vide avec une béquille maison, fabriqué par Thierry. Nous nous rejoignons tous : Guillaume C., Thierry, Gilles, Lionel et moi-même au parking pour prendre le chemin du retour dans ce début d'après-midi.

Conclusion :

Un séjour toujours autant dépaysant, celui-ci était le septième pour l'équipe du TNT, toujours de la première et des objectifs renouvelés avec le A340. Reste les questions : le A55 passera-t- il la prochaine fois, avec le classement du massif pourra-t-on revenir facilement, quels sont les trous de surface qui peuvent donner ? Mais surtout où va cette amorce de collecteur entrevue le dernier jour, toutes les visées donnent une direction nord-nord-est, alors que les colorations partent vers l'ouest, la suite sera peut être connue par les prochains participants de l'expé au Cotiella...

Laurent Chalvet

Participants :
Karen, et Guillaume Trauchessec, Lionel Puliga, Philippe Blanchet, Guillaume Coerchon, Olivier Blanc, Gilles Dufort, Laurent Chalvet, Babette, Thierry Bertrand, Roger Hugony