Mardi 07 Mai 2024

Compte rendu N°769

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Compte rendu des sorties

26/08/2021

AVEN ET BAUME A CABRUNAS

Bilan de la sortie:
UNE VUE QUI SE MERITE
La spéléologie est une activité qui demande des efforts et de la motivation. Il ne suffit pas de descendre, il faut remonter et c’est souvent là que c’est plus dur. L’arrivée sur la margelle du puits d’entrée suscite le bonheur et le plaisir de la difficulté vaincue. Mais il y a des fois, même en surface, il faut faire des efforts et vaincre ses appréhensions pour partager un superbe moment de bonheur dans un paysage magnifique. Nous étions tous sortis de l’aven de Cabrunas, la chaleur de cette fin d’été accablait les corps et l’ombre d’un « armas » de genévriers nous prodiguait un grand réconfort. Tout le monde se prélassait, la brise fraiche incitait à une bonne sieste : mais c’était sans compter sur Pierrot. En effet, en vieux fureteur, il avait repéré une jolie baume non loin de l’aven. Quand nous lui demandons la difficulté d’accès, il nous répond laconiquement que la distance n’excède pas 100m, peu être moins. « Ce sera un promenade facile qui nous sortira de notre paresse ». Entendu pour la ballade. Pour si peu de distance, sans doute encore une grotte au bord du chemin, à quoi bon se précipiter ! Le temps de se lever et une bonne partie du groupe à déjà disparue parmi les buis. Je suis seul avec Marianne et Loélie pour battre la végétation. Je commence à entendre des cris venant de ces demoiselles, elles sont inquiètes d’avoir perdu le groupe. Je me mets à héler de la voix les dissidents et je ne tarde pas à entendre leur écho. Ils ne sont pas loin et juste un peu plus bas, il sera facile de les rejoindre. Je pars en tête, Marianne me suit de près et bientôt elle se rend compte qu’il ne faut pas être trop près de moi. En vieux sanglier de la garrigue, je ne recule pas devant quelques branchages qui entravent mon chemin : attention derrière. Bientôt, il faut se rendre à l’évidence : la descente s’impose. Mais ici au lieu d’un placide chemin, nous devons affronter une forte pente recouverte de pierres et parsemée d’une abondante végétation. J’entends derrière mois de nouvelles protestations. De plus, elles continuent à me talonner de près et bientôt j’imagine une glissade à trois dont le terminus risque d’être l’onde fraiche du Tarn qui coule 200m plus bas. Usant de sagesse et aussi de galanterie, je laisse passer la jeunesse, qui ne se fait pas prier pour me dépasser ; un souci de moins. Soudain, les réponses à mes appels de proviennent plus d’en bas mais du haut. En levant la tête, j’aperçois avec stupéfaction le groupe de tête. Ils progressent en direction d’une baume, perchée très haut dans la falaise. Leur vitesse à beaucoup ralenti et ils se sont mue en chamois des Gorges du Tarn. En effet, ils progressent de ressaut rocheux en cran vertical. La végétation dense finit de cacher les obstacles. Je sens un passage à vide m’envahir. Je m’arrête un instant pour jauger la difficulté. La baume semble très haute au dessus de ma tête, et même si la rondeur de son porche incite à aller y passer un petit bout de temps : encore faut il l’atteindre ! Le courage reprend vite le dessus. Mes deux demoiselles ont entamé l’ascension. Je ne peux pas battre en retraite ici, mon orgueil est en jeu. Je ma lance dans la grimpette. La roche sur laquelle je prends pied me semble pas d’une grande solidité : je connais depuis longtemps la « traitrise » de la dolomie Bathonienne qui fait la beauté des Gorges, par ses teintes ocres et roses, mais le malheur des spéléos car elle casse sans prévenir et souvent quand le spéléo se trouve en équilibre instable. Je n’attends pas longtemps pour avoir un écho à ma réflexion. Dans un bruit sourd, je reconnais la chute d’un gros bloc. Où se protéger, il n’y a que des buis et des petits ressauts. Aucun abris ne peut être sur dans ses situations. Il ne me reste plus qu’à courber l’échine en espérant que ce maudit cailloux ne prenne pas ma direction. Il disparut plus bas dans les buis pour sans doute continuer sa course en direction de la vallée. Peut être qu’un touriste à du hériter d’un morceau des Gorges du Tarn, mais je pris en mon intérieur pour que sa course s’arrête avant d’atteindre la route. L’escalade reprend, bientôt, c’est en s’agrippant sur la végétation que je progresse. Parfois je dois me faire « violence » pour ne pas m’accrocher aux jambes de Marianne qui est dans la même galère. Les buis disparaissent et un dernier ressaut me permet de déboucher dans la fameuse baume. Des excréments sont l’ultime obstacle pour enfin avoir le droit de contempler un magnifique paysage. En effet, qu’elle plus belle récompense que d’admirer le panorama qui s’offre à mes yeux. Devant moi, tel un grand seigneur s’étale la couverture marron tachée de vert du Causse Méjean. Aussi loin que je peux voir s’étend à perte de vue ses immensités de solitude qui fond de ce plateau sans doute le plus bel endroit de la terre. Telle une frontière ténue, le Tarn se faufile à travers les falaises blanches. Des minuscules brindilles bariolées descendent l’onde verte. Du fond de la vallée, assis sur leur embarcation, est ce que ces personnages se doutent qu’un groupe les observe 200m au dessus de leur tête. De notre abri, tels les vautours des Gorges, nous dominons notre territoire. Martin termine notre rêverie par des photos qui immortaliseront ce grand moment de paix. Mais il va falloir redescendre et comme un alpiniste en haut de son pic, c’est avec beaucoup de regrets que je quitte mon havre de tranquillité. Maintenant, je m’éloigne de ce lieu de calme en pensant à tous ces gens qui n’auront pas la chance de fouler ces endroits privilégiés : que le canyon du Tarn est beau !
Laurent PAYROU

Participants :
Loélie et Marianne, Germain et Firmin, Pierrot, Martin et Laurent