Samedi 20 Avril 2024

Compte rendu N°628

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Compte rendu des sorties

28/12/2017

Grotte de la Clujade

Bilan de la sortie:
Entre les deux tours de piste des festivités de fin d'année, nous nous retrouvons en petite équipe, pour lever les dernières interrogations sur la partie terminale de la nouvelle Clujade et le siphon Auterive.
La route n'a pas été en top conditions ce matin, mais tout le monde est quand même à pied d'oeuvre : les habitants des causses du Sauveterre et du Méjean (Aude, Ben's et Benoît), et de plus loin (Christophe et Laurent). Pour effectuer la plongée, le matériel a été réduit à trois kits avec de la place dans deux. Aude toujours très motivée, s'occupe du bi 4 (les deux bouteilles de plongée de quatre litres) et nous nous répartissons le reste. Nous nous posons pas mal de question, si l'ensemble des siphons passent, le courant d'air est présent à l'entrée, mais les derniers pluies peuvent avoir boucher le siphon N°3. Nous optons pour l'option, bas de néoprène dès la voiture, va-t-on nager ? En chemin, Christophe explique les informations qu'il connaît sur le siphon terminal : 100 mètres de longueur et une profondeur de moins 10 mètres, pas mal d'argile au sol, ensuite un post siphon avec une galerie qui se termine en cul de sac, une voûte mouillante et un dernier siphon complètement ensablé.
Nous rentrons sous terre vers 10h15, et progressons tout en échangeant sur les explorations en cours sur le département. Finalement, à l'arrivée au siphon N°3, celui-ci passe confortablement, on ne se mouille que jusqu'à la taille. A la fin de la grande Clujade, nous croisons le carrefour qui mène au siphon de sable, lieu des nombreuses séances de désobstruction actuelles, puis il faut s'engager dans la galerie étroite de connexion de la grande Clujade vers la nouvelle Clujade. Cela frotte bien mais Christophe, même avec son sherpa arrive à progresser sans souci. Et nous débouchons dans la galerie aquatique de la nouvelle Clujade, toujours autant magnifique, les gours sont bien remplis et les couleurs bien esthétiques. Les escalades des gours géants, nous emmènent à la galerie finale, où nous ressentons bien le courant provenant du boyau soufflant, situé au dessus du siphon, un peu avant, nous avons mis 2h45.
On déballe le bazar, je prépare une configuration déstructurée (

les bouteilles en position latérale), cela passera certainement confortablement, car je pense qu'il y a presque 30 ans auparavant, David Auterive plongeait plutôt en configuration dorsale, avec des bouteilles plus volumineuses. Pour l'équipe, le programme sera de faire des photos de la magnifique galerie aquatique, pendant ma plongée. Je me donne deux heures d'exploration, et du souci à avoir, au bout de trois heures. On verra bien, pas de pression, car l'autonomie des bouteilles sera suffisant. Avant de s'immerger, on observe que le pendage à l'entrée du siphon (environ 15°), peux laisser imaginer un profil globalement descendant de la partie noyée.
Le fil est amarré,

c'est parti, le ton est donné tout de suite, le sol est recouvert d'argile de dégradation très volatile, les parois en sont recouvertes aussi. Au bout d'une quinzaine de mètres, la galerie, tourne sur la gauche à l'équerre. Les dimensions passent d'un mètre cinquante de hauteur à moins d'un mètre, et pour les largeurs de deux à quatre mètres, calées sur un joint de strate. Des baguettes de gours particulières ornent le plafond, cela ressemble à des pyramide inversées, d'une dizaine de centimètres de côté, l'extrémité est aussi fin qu'un filament et orientée vers la sortie. On a l'impression d'être proche de la surface, avec des racines qui viennent boire dans cette galerie inondée.
La progression n'est pas des plus aisée, il n'y a pas d'amarrage solide sur les parois pour attacher le fil, je suis obligé de récupérer des plaques de calcite au sol ou les blocs de baguettes de gours. C'est la course contre la montre, j'arrive à une position où il faut poser un amarrage, j'ai à peu près 10 secondes pour attraper un morceau de chambre à air et fixer le fil. L'action se termine généralement dans la purée de pois, et il faut à tâtons finir la fixation, avec les blocs de baguettes de gours, qui tombent du plafond en même temps. Puis de nouveau, je repars rapidement vers l'avant, pour dépasser la touille. Le plafond descend un peu plus, la hauteur doit être de 80 cm maximum, les petits blocs tombent régulièrement du plafond, c'est le vrai chantier.
Je croise le fil de mon prédécesseur, équipé de manière simpliste, dans l'intégralité du siphon, il doit avoir environ trois amarrages sur 100 mètres... Je me remets dans sa configuration de l'époque : est-t-il parti avec des gros blocs en dorsal, car il aurait vraiment bien raclé le plafond ?
Peux après le point où la galerie est la plus basse, j'arrive au plus profond, finalement moins neuf mètres et la galerie fait une équerre main droite, pour remonter rapidement, je dois être environ à l'étiquette 80 mètres, la topographie du retour le dira, si la visibilité le permet...
La remontée vers la surface, se déroule bien, la hauteur de la galerie devient plus importante. J'émerge à l'étiquette 100 m, je peaufine mon amarrage de fin de fil, gage d'un retour serein.

La galerie en exondée est confortable, de section rectangulaire, on peut être debout et la largeur fait trois mètres. Un gros bloc, occupe la galerie, un compartiment du plafond tombé, il faut passer dessous pour poursuivre. Quelques mètres plus loin, un petit gour au sol est accolé à la paroi de droite. Pas de suite évidente, peux être en face par une escalade d'un peu plus de trois mètres, s'en suit un méandre avec quelques virages et au bout d'un peu moins de 10 mètres, celui-ci est complètement colmaté par des remplissages de sable et de calcite. Mais où se situe ce second siphon ? Je redescends dans la galerie du début, me remets en configuration plongée, pour visiter ce petit gour, qui a l'air d'être formé par le planché stalagmitique posé sur un lit de sable qui recouvre toute la galerie. Et là, surprise, la paroi de la galerie est percée, une voûte mouillante laisse un petit passage pour poursuivre vers l'amont. La galerie continue dans des dimensions agréables entre un mètre cinquante et deux mètres de hauteur, et une largeur de quatre mètres, avec des gours régulièrement. Au bout d'une quarantaine de mètres, la largeur reste constante mais la hauteur devient inconfortable car le sable à envahie la galerie, au début à quatre pattes, ensuite allongé complètement, avec tout le barda, je progresse telle la tortue en repoussant le sable sur les côtés. Quand j'arrive à ne plus tourner ma tête, j'arrive devant une flaque, la hauteur de la galerie fait moins de 20 centimètres, le siphon est bel et bien complètement ensablé, comme il avait été annoncé...

Sur le retour, je prends les azimuts et fait des estimations des distances, pour relever un croquis précis. Bon, maintenant, il faut retraverser le siphon en essayant de prendre le maximum de mesures. Le début est bien dans le brouillard, le temps passé post siphon a permis de laisser un peu décanté l'eau, j'arrive à faire des mesures, tout en restant en mouvement pour ne pas me faire rattraper par la touille.

A ma sortie, les copains ne sont pas là, ils doivent être encore dans la séance de

shooting des belles galeries 'sans rides'. Je me déséquipe tranquillement, et les retrouve quelques minutes plus tard. Nous remballons tout le matériel et reprenons le chemin de la sortie, avec un bon courant d'air de face, très frais sur la fin.

Et voilà, une page de l'histoire de la Clujade vient de se tourner, le dernier point un peu flou a été levé, toutes les galeries historiques ont été typographiées désormais, maintenant place au nouveau. Un grand merci aux copains pour le transport de tout le bazar et ce moment convivial.

NB : pas plus tard qu'il y a 10 mn, certains voulaient peut être faire un baptême de plongée, après avoir attendu la crue, mais cela est une autre histoire, bientôt à lire....

TPST : 8h15
Consommation : 1200 litres

Participants :
Aude Hourtal, Christophe Petit, Benoît, Sébastien Guillot et Laurent Chalvet