Samedi 04 Mai 2024

Compte rendu N°142

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Compte rendu des sorties

09/03/2008

Résurgence de la Marnade - Monclus (30)

Bilan de la sortie:
Compte rendu plongée S1 de la Marnade, hiver 2008

:

Le ciel est gris, le niveau des résurgences est bas, c’est le bon moment pour plonger cette belle résurgence des eaux du plateau calcaire de Méjeanne le Clap. Actuellement, l’exploration a été poussé jusqu’au siphon N°3. Le premier passage noyé fait 365 mètres de long avec une profondeur qui reste souvent en dessous de 25 mètres, le siphon N°2 est court et peu profond, par contre le S3 fait plusieurs centaines de mètres et une profondeur actuelle (début 2009) de – 141 m. Deux ans auparavant j’avais eu l’occasion de faire un aller retour dans ces galeries qui sont de belles dimensions avec Régis Brahic.

Aujourd’hui c’est une plongée de reprise, j’embarque comme configuration de plongée, un bi dorsal 10 litres et deux relais 7,5 litres. J’effectue deux voyages pour déposer l’ensemble du matériel devant le siphon. Le départ s’effectue dans une jolie petite vasque, j’accroche tout le bardas sur mon gilet de stabilisation, ainsi que les deux éclairages principaux, les galeries sont de grandes sections, par conséquent il faut ne pas lésiner sur l’éclairage. Le départ s’effectue dans une diaclase de taille moyenne, cela racle un peu. Un magnifique puits de 18 mètres permet de prendre pieds sur un petit éboulis, ensuite il faut franchir une lucarne confortable pour accéder aux grandes galeries de la Marnade. Je commence à ressentir les effets de la narcose, cela fait un bon moment que je n’ai pas plongé et je me trouve au point bas du S1. Je continue tranquillement pour rejoindre le dédoublement du S1, je ne suis pas très loin du milieu du siphon.

Un peu plus loin, je passe sur mon deuxième relais. Et là, d’un coup, le détendeur de la bouteille me donne de l’eau au lieu de l’air. J’appuis sur le premier étage pour forcer l’eau à être chassé par l’air sous pression. Cela ne marche pas, rapidement, je passe sur mon bi-dorsal, pensant que ma bouteille ou le détendeur a un problème. Je commence à m’essouffler, j’essais de ralentir ma respiration mais cela ne marche pas, l’essoufflement ne s’arrête pas là, il faut prendre une décision rapide. J’émets l’hypothèse d’avoir un problème de narcose, il faut remonter pour réduire les effets de l’azote. Quelle direction prendre ? L’imagination commence à prendre le dessus, cela commence à être glauque, qu’est ce qu’on peut réfléchir vite dans ces moment là ! Je me souviens des informations de Régis, m’expliquant qu’après notre demi-tour au milieu du siphon, la galerie qui part vers le fond remonte rapidement. Finalement, pour ne pas repasser par le point bas, j’opte pour la fuite vers le S2. J’avance doucement pour me concentrer sur le contrôle de ma respiration, la galerie remonte vraiment trop lentement, ce n’est que sur les 50 derniers que je reprends mon calme. J’émerge du siphon dans un brave état et me pose quelques minutes sur une banquette de rocher.

Là, je me pose de nombreuses questions, car je ne connais pas vraiment l’origine de mes problèmes : gaz des bouteilles non respirable, détendeurs hors service…Quelle est la solution : doit-je repartir dans le siphon et repasser dans la zone proche de 30 mètres de profondeur. Où rester là et sortir la couverture de survie (c’est intéressant d’en avoir toujours une). Après réflexion j’opte pour le retour et je parts avec la peur au ventre. Je choisis de vider un des blocs de mon bi-dorsal pour ne pas faire d’échange d’embout pendant la progression et rester au maximum concentré. Arrivé au milieu du siphon, la narcose se fait sentir, j’ai un peu de mal à respirer mais pas d’essoufflement en vue. La deuxième partie se fait plus confortablement, j’arrive devant le sortie pour faire mon quart d’heure de palier, je durcis les paliers pour être sur de bien décompresser après mes déboires. Au final, je commence à me cailler franchement. J’émerge après pratiquement deux heures de plongée. Je suis bien fatigué, mais surtout je ne comprends toujours pas, ce qui c’est passé.

Epilogue :
Après avoir réfléchi à plusieurs pistes d’explication, j’arrive à une conclusion bien évidente, cela ne venait pas des gaz. Effectivement au milieu de la galerie, un détendeur a eu un disfonctionnement mais la raison de l’essoufflement vient tout simplement de la taille trop réduite de ma souris (vêtement néoprène sans manche) que je portais ce jour là. J’ai mis à peu près 5 minutes pour l’enfiler et le double pour le retirer, ma respiration en était bridée.

Un bon coup d’adrénaline, cela fait toujours bien réfléchir, cela permet d’analyser et connaitre ses propres limites. Pour finir, la Marnade se sera pour bientôt, j’ai comme projet d’aller voir avec Damien les galeries au dessus du S3, par une escalade, la suite est peut être là ?

Participants :
Laurent Chalvet