Dimanche 05 Mai 2024

Compte rendu N°125

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Compte rendu des sorties

30/07/2008

Clue d'Amen (Alpes-Maritimes)

Bilan de la sortie:
Ce canyon, nous l'avons en tête, nous l'imaginons, nous le phantasmons depuis le premier jour. Après notre descente du vallon de Challandre, Jean-Raoul nous propose un parcours touristique de toute beauté dont le final consiste en une pérégrination le long du Var, dans les rouges gorges de Dalluis.

La route escarpée se contorsionne, se scinde et serpente à travers de nombreux courts tunnels, au dessus de falaises qui nous paraissent vertigineuses. Au détour d'un rocher, la voiture s'arrête, nous en descendons pour découvrir quelques cent cinquante mètres en contre-bas, les cascades finales de la Clue d'Amen : des trombes d'eau s'écoulent harmonieusement dans trois magnifiques vasques sur quatre-vingt-dix mètres de hauteur.


Retour au camping, nous partageons nos impressions et compulsons les données : 1 h 40 de marche d'approche, 5 h de descente, 30 minutes de marche de retour, le vertige nous gagne, l'appréhension suivra. La semaine s'écoule et voici le moment du choix : le dernier canyon de notre séjour. Entre Raton et Amen, en un élan mystique nous choisissons le second.
Départ très tôt, la météo est annoncée clémente, mais la fraîcheur matinale nous surprend. Nous laissons un véhicule sur les lieux déjà visitées et poursuivons jusqu'à Guillaumes. De là, un confortable chemin muletier s'élève doucement sur le flanc gauche des gorges, la marche est somptueuse.

Notre pas est bien cadencé. Cependant, il nous faut bien 1 h 40 pour arriver au départ de la Clue. Équipement, répartition des kits, mouillage : l'eau est une des plus froides que nous ayons rencontrées. Pierre organise notre progression, nous devons former deux équipes pour assurer une descente fluide : « un enfant, une sonde et un adulte par équipe », Arnaud et Pedro, d'une part, Jean-Raoul et Joël, d'autre part, seront donc séparés.


Nous attaquons la première partie. Nous évoluons sur une roche particulièrement glissante lorsqu'elle est immergée, la prudence est de mise, le pas précautionneux. L'eau est abondante, les arrivées de toboggans sont néanmoins à négocier avec prudence car peu profondes. Les orages des jours précédents ont troublé l'eau : les nombreux rappels sont systématiquement équipés pour sonder la verticale des éventuels sauts. Ces derniers sont extrêmement rares. Nous progressons dans un environnement entièrement minéral et souvent très étroit, cette Clue ne trahit pas sa réputation.


Un évasement des parois et le retour de la végétation nous annoncent la deuxième partie : moment idéal pour nous restaurer, il est déjà midi et nos efforts nous ont mis en appétit. Le repas est expédié, il nous reste encore du chemin ! Nous poursuivons donc notre marche. Elle est sportive. Pour assurer notre stabilité, nous devons fréquemment modifier la position de notre centre de gravité : debout, fléchi ou assis... Pedro s'offre malgré tout une superbe glissade de trois mètres qui s'achève dans une bassine de 20 cm de profondeur, heureusement sans frais. Cette deuxième partie est physiquement éreintante.


Nous entrons alors dans la troisième partie du canyon, la plus spectaculaire. Ambiance spéléo, les parois sont resserrées à l'extrême et nous surplombent. Nous tournons nos yeux reconnaissant vers le ciel, si bleu ce jour, aucun abris n'est en effet possible en cas d'orage. Les rappels s'enchaînent à une cadence folle.

Les amarrages sont parfois d'un accès difficile voire périlleux, l'assurage mutuel est indispensable. Le débit est important, l'eau file, zigzague, et au détour d'un toboggan s'arrête face à un rocher. Nous « l'enjambons », elle s'arrête à nouveau. Nous hésitons, nous apercevons un rayon lumineux sous l'horizon prismatique de l'eau, au-dessus, un roc imposant nous barre la route...Un siphon... Passage en apnée, nous sommes fébriles, aucune vue possible de sa sortie...

Nous y sommes, le point culminant des cascades finales. Verticalité extrême, seul le Var est visible à nos pieds, quatre-vingts dix mètres plus bas.

Descente sur l'équipement sous de grandes eaux. Le premier relais, dix mètres plus bas.

Stéphane, puis Arnaud le trouvent, Pierre les suit. Nous constatons notre erreur de chronologie dans le choix des cordes.

Pierre, sous la chute de dix mètres corrige cette organisation, la communication avec le haut est rendue difficile par le fracas des cascades. Les relais suivants se révèlent plus évidents, les rappels sont spectaculaires... et le mot est faible.

Dernière photo avant la traversée du Var sans encombre et une remontée pleine pente vers le véhicule.


Les superlatifs me manquent pour qualifier cette journée. Sans trop prendre notre temps, la descente du canyon a duré sept heures. Une très belle façon de clôturer notre séjour.

Participants :
Pierre Lemaître, le Grand Manitou;
Jean-Raoul Chaix, la Sagesse;
Joël Illes, le Poisson-Pilote ou la Sonde;
Arnaud Delmare, BTP Numéro 1;
Pedro Bandéra, BTP Numéro 2, parfois aussi appelé Une Dent (et demie);
Stéphane Amouroux, dont nous tairons ici le sobriquet, privilège de l'auteur...